Sirènes

Citation

*

l’engourdissement guette
j’entends les sirènes
elles appellent vers l’abime

j’entends les sirènes
l’alerte est donnée
elles disent vers où ne pas aller

pour rejoindre la rive
pour rejoindre la vie

nager
l’eau est glacée
nager
je suis fatiguée
nager
je ne veux plus y aller
nager

il y aura d’autres regards, d’autres baisers,
il y aura d’autres bras, d’autres mains,
il y aura d’autres voix, d’autres mots

l’hiver ne dure pas toujours

Looking ahead
* A propos de sirène: soit dit en passant que l’histoire de celle qui échange sa queue de poisson contre des jambes, pour plaire à l’homme qu’elle aime, et meurt parce qu’il en aime une autre est bien le discours le plus crétin – pour ne pas dire criminel – qu’on puisse proposer aux petites filles pour leur dire quelque chose de l’amour !
Que peut-on bien faire d’une telle histoire, sinon penser qu’il ne faut pas hésiter à se changer au point de se mutiler pour plaire à celui qu’on aime et qu’aimer sans être aimé de même en retour est passible de mort ?? 2 fév. 2013
Heureusement, il y a eu des mises à jour pour cette histoire.25 fév. 2013

Le mélancolique, l’Autre et le Père Noël
ft la petite fille aux allumettes

Point de vue

Manquer. Tu me manques. Quelqu’un me manque.
Quelqu’un. Cet autre qui cache l’Autre.

L’Autre qui est comme le père Noël: même quand on a bien compris qu’il n’existe pas, enfin, pas vraiment, pas comme on y a cru, on est parfois repris d’une irrépressible envie d’y croire encore, comme avant. Pour que rien ne change. Pour l’illusion de se sentir comblé et protégé, pour la sensation de chaleur qu’elle procure.

La petite fille d’Andersen craque des allumettes pour, dans la lueur éphémère qu’elles produisent, revoir sa mère décédée.

La peur du manque précipite le mélancolique dans les bras imaginaires d’un(e) Autre, cet(te) Autre qui comble et protège. Jusqu’à épuiser les allumettes, c’est-à-dire jusqu’à épuisement, par les effets combinés du coût psychique nécessaire à la construction et au maintien de cet imaginaire ainsi que de l’excès de jouissance qui en résulte.

Balloté dans le flux et le reflux d’un imaginaire puissant, le mélancolique est tour à tour porté par les flots délicieusement tièdes d’un monde parfait, puis violemment giflé par les vagues scélérates d’un surmoi cruel, dans lesquelles s’ébattent ses démons intimes.

Parfois, ça fini par racler au fond. ça racle là où ça touche le corps.
Pour faire face au manque qui émerge derrière un bricolage imaginaire en cours d’effondrement, et ne pas sombrer dans le néant, c’est le corps qui part au front de l’existence et se laisse envahir de sensations brutes. Le froid de l’hiver glace jusqu’aux os, le moindre bruit s’insinue jusqu’au point le plus sensible de chaque nerf. Le symbolique étant réduit à sa plus minimale expression, c’est le corps, envahi par les démons intérieurs – figurent imaginaires littéralement déchainées, puisque non tenues par le symbolique, qui permet de se sentir exister.

Jusqu’à ce que puisse advenir, la tristesse d’une perte. Manquer. Enfin !
Ainsi se tisse un filin vers le rivage du symbolique.

Dès lors, poussé par une peur salutaire de la mélancolie et de ce qu’elle coûte, en construction imaginaire et en excès de jouissance paralysante et mortifère, il s’agit de consolider ce filin et d’en faire une amarre qui puisse maintenir solidement relié, au filet salvateur du symbolique.

14 mai 2013Une fois les deux pieds bien ancrés sur le rivage du symbolique, les vagues de réel qui ne manquent pas de venir parfois nous rafraichir les idées sont bien suffisantes pour les nécessaires recalibrage qui évitent au symbolique de se déconnecter du réel.

zone de turbulences

Citation

zone de turbulences
les démons hantent
le chaos vente
pas de sens

parler est un naufrage social
qui peut entendre ces histoires ?
se taire est un effondrement intérieur
comment sortir de ces non-histoires ?

il fait tellement froid dans ces abîmes
et il n’y a pas de choix
il faut y aller seule

est-ce que je serai encore en vie
le jour où ce sera fini ?

je
dis
oui