Idée reçue sur la psychanalyse #1 :
Freud a dit des choses fausses, donc la psychanalyse, c’est que des conneries

Point de vue

Ben oui ! Bien sûr ! Et donc Galilée était un crétin et la physique une pratique de charlatan, vu qu’ Einstein à montré que la relativité galiléenne ne marche pas toujours… Je ne vous parle même pas du Pape qui affirme qu’un type né il y a 2000 ans marchait sur l’eau et va revenir pour vous sauver de l’enfer, rien moins que pour la vie éternelle…

Bon, sérieusement. Est-ce qu’il n’est pas plus raisonnable de penser que le savoir humain n’est jamais absolu et que le savoir objectif, malgré tous les progrès qu’il a permis ne sait pas tout de ce qui est humain ???

Parce qu’en parlant de conneries, il y en a une qui est régulièrement proférée par des gens néanmoins intelligent. Suivez mon regard : Max Bird – IDÉE REÇUE #24 : L’homosexualité est contre-nature ?. La dite connerie** c’est : « Ce truc qu’on a observé chez les souris, c’est sûr, c’est tout pareil pour les humains ». Ben voyons … Faites donc l’expérience suivante : prenez le premier enfant de 5 ans qui vous tombe sous la main et demandez lui « Qu’est ce qui est différent entre une souris et un humain, qu’est ce qu’un humain peut faire qu’une souris ne fait pas ? ». Je vous fiche mon billet qu’elle vous répondra … elle vous répondra… ??… « L’humain parle ! » Ben oui, bon sang ! Nous sommes dans le langage comme des poissons dans l’eau ! C’est d’ailleurs sans doute pourquoi nous finissons par oublier qu’il existe. Et vous croyez vraiment que les poissons auraient des nageoires s’ils ne vivaient pas dans l’eau (ou inversement…) ?

La biologie c’est bien, mais ce n’est pas tout ! 6 juin 2017 suite à la lecture de l’article de O. Fillod qui explique qu’en fait cette corrélation n’est pas toujours observée**En admettant que l’on trouve une corrélation entre un pic de machinstérone et l’homosexualité, pourquoi faudrait-il en déduire que l’homosexualité est déterminée uniquement par ce facteur / cette manifestation biologique ?. Pour prouver que c’est naturel ? Et que donc les homosexuels n’ont pas le choix * ? Et que donc ta gueule les discours homophobes ou discriminants ? Alors déjà, pourquoi est-ce que naturel ça voudrait dire uniquement biologique ? Et la parole, c’est pas naturel, peut-être ? Sans compter que c’est le seul truc que tous les humains font et que les animaux ne font pas (à un degré aussi développé en tout cas) et ce serait juste un hasard ? Cela n’aurait aucun effet sur nous ?… Ben voyons …

Mais surtout, il faut bien réaliser qu’essayer de prouver qu’il n’y a aucune part de choix* dans l’homosexualité, pour faire accepter l’homosexualité, c’est très cher payer le fait que certains n’arrivent pas à accepter la différence. A ce compte là,

La science qui par construction s’emploie à neutraliser tout ce qui relève du subjectif ne peut pas et ne doit pas être convoquée pour justifier des choix* subjectifs
que devient la liberté individuelle ??

Par définition, la science est une méthode pour acquérir un savoir objectif. Point barre. Lui conférer un statut phylosophico-idéologique en impliquant qu’elle pourrait décrire une vision anthropologique, c’est dangereux ! L’humain n’est pas définissable uniquement par un savoir objectif. Une pratique qui par construction s’emploie à neutraliser tout ce qui relève du subjectif ne peut pas et ne doit pas être convoquée pour justifier des choix* subjectifs, sinon, on passe de la science au scientisme !

Certes, dans nos civilisations occidentales, l’omniprésence de la science fini par en faire une idéologie dans laquelle science et scientifiques seraient censés détenir un savoir équivalent à une vérité absolue. Soyons sérieux ! Maintenons la science à sa place et pensons également la complexité de l’humain avec d’autres types de discours, afin d’éviter que les dérives scientistes ne fassent autant de dégâts que la science n’a apporté de progrès !

Au commencement, c’était Dieu qui savait tout, maintenant ce serait la science qui devrait tout savoir ? Ce n’est pas la science qui sait vos préférences sexuelles ! C’est vous ! C’est le sujet ! Imaginez les dérives possibles si on considère que le dit pic de machinstérone détermine de manière absolue l’orientation sexuelle. Dans ce cas, qu’est-ce qui empêche ceux à qui cette différence fait peur de créer des centre de rééducation dans lequel ils mettraient les bébés avec le fameux pic de machinstérone dès la naissance, pour les « rectifier » ?!?

Nous sommes fortement influencés par des facteurs biologiques, genetiques, familiaux, sociaux et culturels, mais nous avons toujours une part de choix*

Il en est de la sexualité comme de tout ce qui est humain : nous sommes fortement influencés par des facteurs biologiques, génétiques, familiaux, sociaux et culturels, mais nous avons toujours une part de choix*. C’est cette part de choix subjectif qu’il faut défendre avant tout ! Soutenir qu’il n’y a aucun choix dans le fait de pratiquer, exclusivement ou non, l’homosexualité, c’est soutenir une vision mécaniste de l’humain. Chacun a la vision anthropologique qu’il veut, mais il faut être conscient que celle-ci implique qu’il n’y aurait aucune différence entre un robot et nous !

Dans le monde où nous vivons, il est certes bien tentant d’en appeler à la science, pour profiter, consciemment ou non du statut de savoir absolu que certains lui confèrent, et ainsi tenter de fermer définitivement le clapet à ceux qui soutiennent l’insoutenable, mais c’est trahir ce qu’est vraiment la science que de l’utiliser ainsi, pour profiter d’un statut d’idéologie qu’elle ne devrait pas avoir.

S’il est évident que l’homosexualité ne devrait poser de problème à personne, c’est justement parce que c’est un choix subjectif et que, pour le dire explicitement : chacun fait ce qu’il veut avec son cul ! Ce n’est pas plus compliqué que cela. Pour certains c’est l’hétérosexualité qui s’impose comme une évidence, pour d’autres c’est l’homosexualité, et certains choisissent de ne pas choisir…

La liberté de choix* est une part de la subjectivité qu’il s’agit de protéger. D’une part en acceptant celle de l’autre, mais ce n’est même pas toujours une mince affaire que d’accepter et assumer sa propre subjectivité, c’est à dire être capable d’assumer un choix ou une inclinaison subjective, simplement parce que c’est mon choix ou parce que cela fait partie de ce que je suis, sans pour cela avoir besoin de s’appuyer sur un discours objectif qui viendrait le justifier. Etre humain, c’est-à-dire être sujet, c’est pouvoir affirmer quelque chose parce que « je » le sait. Un point c’est tout. C’est ce que font, de tous temps, les combattants de la liberté, comme par exemple ceux qui assument simplement leur sexualité, sans pour cela avoir besoin de recourir à un discours scientiste.

« Vas vers ton risque, à te regarder, ils s’habitueront. » René Char

D’après le Pape, le gars d’il y a 2000 ans disait « aime ton prochain comme toi même ». Ce qui est écrit plus haut est finalement assez proche… Comme quoi, chaque discours peut comporter à la fois des conneries en barre et des morceaux de vérités …

2 juin 2017

* Le mot « choix » prête à confusion. Un précision s’impose. Le choix dont il est question pour un partenaire sexuel ne se fait évidement pas comme quand il s’agit de choisir thé ou café, pain au chocolat ou chausson au pomme. Le choix est la part subjective qui, selon la conception de l’humain que je soutiens, est en jeu dans toute action humaine, en même temps que des facteurs d’influence extérieure. Le choix ne dépend jamais totalement de vous (même dans thé ou café, il y a une part culturelle et de l’influence par l’exemple des personnes qui comptent pour vous), mais il n’est jamais totalement indépendant de vous non plus. C’est ce qui fait que nous sommes des êtres libres.

5 juin 2017Désirer quelqu’un n’est pas un choix direct, mais fait partie de notre subjectivité, laquelle est le résultat d’une multitude de choix. Nous sommes acteurs de notre subjectivité, c’est pour cela qu’on ne peut pas dire que nous n’avons pas le choix de nos préférences sexuelles, comme si nous les subissions. Si on ne peut pas changer nos préférences sexuelles du jour au lendemain et que personne ne peut nous les imposer, c’est parce qu’elles font partie de nous.
6 juin 2017

** Comme le montre cet article d’Odile Fillod qui discute en détail la théorie du pic de machinstérone, ce n’est malheureusement pas la seule connerie proférée dans cette vidéo…