Intelligent sans être prise de tête, drôle sans être méchant

Point de vue

L’autre jour, je suis allée dans le 19e, le long du canal, entre le pont de Crimée et La Villette, et j’ai vu un tyrannosaure rex et un paresseux dont j’ai pu prendre la frimousse en photo, sans même avoir l’effrayer en sifflant pour lui faire tourner la tête. SI ! , C’est vré ! La preuve :

RARE ! photo d'un paresseux qui ne dort pas !

RARE ! photo d’un paresseux qui ne dort pas !

J’ai aussi appris des trucs pas très catholiques sur les dauphins, joué à un super jeux vidéo (« Vélociraptor »), mais surtout, je me suis marée comme une baleine !

Vélociraptor dont vous pouvez prendre les commandes !

Vélociraptor dont vous pouvez prendre les commandes grâce à un super jeu vidéo !

Bon, ok, j’avoue, j’ai simplement été voir « L’encyclo-spectacle » de « Max Bird » et vous faîtes ce que vous voulez bien sûr, mais franchement, vous auriez tord de vous en passer ! C’est intelligent* sans être prise de tête, drôle sans être méchant. Que demander de plus pour passer un bonne soirée ?

Max Bird – Idée reçue #11 – La mémoire du poisson rouge

Max Bird au Nez RougeProgrammation

5 juin 2017* oui, bon, enfin, quand il ne dit pas d’ENORMES conneries, comme par exemple dans l’idée reçue #24 (voir ici pourquoi) …broken heartsoupir
18 fév 2018Le plus affligeant est que ce sont ces inepties qui ont boosté sa notoriété. A l’heure où j’ajoute cette ligne, il en est à prendre son kif en traitant ses spectateurs de « bande de gros débiles ». Il s’en excuse immédiatement, histoire de rester politiquement correct (ou parce que sa mère est susceptible de regarder ses vidéos…), mais il le dit
Broken Heart by Adrien Coquet from the Noun Project

Discours

Point de vue

« Les discours dans une vie » au théâtre de l’Oeuvre. Mais oui ! Bien sûr ! Raconter la vie de deux amis à travers leurs discours, quelle excellente idée ! Le discours comme clé essentielle de la vie humaine ! Et me voilà accourant, impatiente aussi de pouvoir en profiter pour voir Samuel Le Bihan en vraiah ben on se refait pas hein …

Le résumé de la pièce dit « un miroir dans lequel tout le monde pourra se reconnaître ».

Et bien … euh… moi, non.

La vision de la pièce ? A gauche, des intellos qui se disent ratés parce qu’ils enseignent plutôt que d’écrire. A droite, des entrepreneurs qui pensent qu’ils ont raté (encore) leur vie personnelle parce que leur fille déconne le jour où ils sont récompensés pour le carrière professionnelle…

Vous n’avez pas l’impression d’avoir déjà entendu ça des milliers de fois ? Je veux dire sous la plume de rêveurs coupés du monde ! Parce que des entrepreneurs, j’en ai croisé, ‘en ait pas vu qui pensent avoir raté leur vie. C’est du pure fantasme de ceux qui ne sont pas dans leur logique ! Sans compter qu’articuler l’usage de drogue par un ado à la carrière prenante de son père est pour le moins … simpliste. Merde ! Je vais pas au théâtre pour entendre des discours (= raisonnements) de café du commerce ! Est-il bien raisonnable de compromettre son talent pour des banalités qui ne montrent les personnages qu’au travers d’une vision qui les déprécie, au prétexte que cela fait rire un public ? La raison d’être de la démarche artistique m’échappe.

C’est tellement décevant de voir un artiste qui semble pourtant vouloir donner du sens à ce qu’il fait – puisqu’il soutient des associations qui défendent différentes causes, mais qui là où il pourrait vraiment faire bouger les choses, parce que c’est son boulot, se contente de flatter les gens dans le sens de leurs a priori, au prétexte que ça les fait rire et que ça remplit les salles.

Le nom de l’auteur, Laurent Chalumeau ne me disait rien. Pourtant, renseignements pris, on retrouve dans cette pièce les personnages bricolés à partir de fantasmes aigres sur l’autre, toujours minable, toujours moqué à coup de traits bêtes et méchants, qui ont fait son succès à l’époque de Didier L’embrouille*. Ils ne nous apprennent rien parce qu’ils ne sont que l’incarnation de caricatures éculées et laisse la désagréable sensation d’avoir été pris en otage pour assister à un dîner de con

Un « discours », « ce n’est qu’un discours ». On peut entendre le côté façade du mot. Ce que l’on présente aux autres, en particulier dans les circonstances convenues, comme les mariages, les enterrements ou les pots de départ. Un père qui parle de la sexualité de sa fille lors de son baptême ou un cadre qui traite ses collègues de crétins – même lors de son pot de départ – sont des discours suffisamment peu réalistes pour qu’un moment, j’ai voulu croire que le propos de la pièce était en fait la distance entre ce que l’on pense vraiment et ce que l’on dit. Qu’ils s’agirait de montrer ce que les gens diraient, s’ils disaient vraiment ce qu’ils pensent. Mais ce propos est tellement diffus, que je ne suis pas bien sure qu’il est intentionnel…

Le mots sont des traîtres. J’ai entendu « discours » dans toute la complexité et la profondeur de ce qui est le point de rencontre entre le social et l’intime. Ce qui, bien sûr, nous permet d’interagir avec les autres, mais, à celui qui sait écouter, en dit aussi

le discours est le point de rencontre entre le social et l’intime
très long sur celui qui le prononce, sur son rapport aux autres et au monde. La forme d’un discours, dans le sens le plus large qui fait que l’on peut parler du discours d’un film ou d’un artiste, désigne finalement aussi bien une vision du monde. C’est une chose aussi délicatement ciselée et infiniment personnelle que nos empruntes digitales.
Prenez par exemple le compte twitter @thereaIbanksy. Il suffit de le lire pendant quelques temps pour s’apercevoir que le « discours » ne correspond pas à celui que l’artiste tient dans ses œuvres de street art ou dans son film Exit Through The Gift Shop, et de fait, screen shot of banksy' siteBanksy indique explicitement sur son site qu’il n’est pas présent sur twitter. (I mean, he was, when his site was not entirely dedicated to his current Walled off Hotel project).
Dans ce sens, un discours ne ment jamais. Il peut trahir, par contre…

Et voilà qu’au lieu d’explorer cette richesse du « discours », certains se contentent de faire parler deux stéréotypes.

Dommage, tellement dommage…

* Personnage incarné par Antoine de Caunes dans l’émission « Nulle part ailleurs », diffusées sur Canal+ dans les années 90s.

Loups gentils et agneaux méchants

Point de vue

Soir de mai sur le quai de Loire. Je sors de la salle obscure, la tête remplie d’images, de couleurs pastels et le coeur ému par la justesse des acteurs et des dialogues que je viens de voir et d’entendre. Grâce à leur magie, c’est tout le savoir vivre, la sensualité et la mélancolie argentine qui ont surgit, l’espace de quelques heures, sur le grand écran blanc. De retour au nid, me voila en train de fureter sur la toile, histoire de prolonger l’émotion et de voir ce qu’il s’y dit du dernier film de la réalisatrice Lucía Cedrón « Agnus dei ».

Le telecineobsNouvel Obs évoque les blessures argentines qui n’ont jamais totalement cicatrisé, la nouvelle génération de cinéastes agnus_deiqui ressent le besoin de les exorciser et souligne la mise en scène d’une rare élégance et d’une grande sensibilité. agnus-dei-yahooYahoo publie une note de Lucía Cedrón où elle explique: « Agnus dei », l’agneau de dieu qui ôte les péchés du monde, c’est la rédemption, la vie après la mort, l’absolution, la possibilité de renaissance et de vie. Tout cela est très présent dans le film et c‘est sa problématique essentielle. A travers notamment la chanson que chante Guillermina : « il était une fois un monde à l’envers où les agneaux étaient méchants, et les loups gentils». Les apparences sont trompeuses ; selon les points de vue, les événements diffèrent.» Cette candeur mâtinée de bon sentiments, de mystique et de morale chrétienne sonne un peu comme une leçon rabâchée et effrite d’autant mon enthousiasme pour l’auteur d’un film dont le ton m’avait semblé si juste… Pourtant, histoire de retarder encore un peu le retour dans le réel, je continue à suivre ma souris fouineuse…

Tout à coup, je réalise que quelques phrases reviennent souvent. Presque toujours les mêmes, exactement, ou à peu de choses près : « Le père de la réalisatrice Lucia Cedron, était cinéaste également, et c’est lors d’un festival de cinéma indépendant à Buenos Aires, où elle participait pour un court métrage, qu’elle a vu une rétrospective consacré à celui-ci. Décédé 25 ans plus tôt dans des circonstances troubles, Agnus Dei lui rend hommage en rappelant les événements marquants propres à l’Argentine depuis 30 ans. »

« Décédé 25 ans plus tôt dans des circonstances troubles » … « dans des circonstances troubles » … « après le décès de son père dans des circonstances mystérieuses. » …

Au début des années 80, où, comment et pourquoi meure-t-on dans des « circonstances troubles ou mystérieuses » ? Dans une ruelle de Buenos-Aires en proie à la dictature ? A Ndjamena en pleine guerre civile ? A Hongkong, sous les coups de l’une ou l’autre mafia ? … Je laisse ma souris suivre la piste …

« Lucía Cedron » donnée en pâture à mon Big Brother préféré m’apprend tout d’abord que le film a été soutenu par le ministère français des affaires étrangères…

… tiens ?!?

Quelques clics plus tard, me voici sur le site www.africine.org.
« Les hommes politiques sont tous des abrutis » (sic) C’est Lucía qui le dit et africine qui en fait le titre de son entretien avec la cinéaste. L’expression ne fait pas dans la dentelle et frippe un peu l’élégance qu’on imagine à la réalisatrice, lorsque l’on voit son film, mais le mérite de l’article est de m’apprendre le prénom de son père « Jorge ».

« Jorge Cedron »
Big Brother me dit que 46 000 * pages web comportent ces deux mots.

agnus-dei-france-infoVoici celle de France Info, qui en deux minutes de chronique sur le film oublie complètement de parler de son inspiration autobiographique… 

Par les mots de Thomas Sotinel, Le Monde fait même de Lucía, la fille de Juan Cedrón ** !… Lapsus peut-être, regrettable, certainement ! Donc toujours pas un mot sur la mort de Jorge…

« Lucía Cedrón, dont on avait déjà remarqué les courts-métrages, nie faiblement la part fortement autobiographique de son premier long-métrage et emploie une belle formule pour dire qu’elle a mis du temps à accepter son héritage : « Pour tuer un père mort, il faut se lever de bonne heure. »
Après cette tournure bizarre au sujet de la part autobiographique du film (pourquoi Lucía aurait-elle à nier la part autobigraphique de son film ??), même Marianne oublie de dire où est mort Jorge Cedrón mais s’empresse de conclure sur l’identité des responsables de sa mort :
« En 1980, à Paris, où il avait fui la dictature, son père, le cinéaste militant Jorge Cedron, a été assassiné, sans doute par des agents de la police secrète, tandis que son grand-père était kidnappé. »

Et puis finalement, cet article publié par l’Humanité en 2003. Rien à voir avec la sortie du film de Lucía Cedrón. Il est plutôt question de celui de Marie-Monique Robin « Escadrons de la mort, l’école française » et de la « connexion française » en Amérique latine. « Dés le début, la France, qui a exporté durant les années soixante et soixante-dix ses méthodes de lutte anti-subversive, a eu vent de l’opération Condor, qui prévoyait sanctions et assassinats dans les pays d’accueil de réfugiés latino-américains. […] »
Vers la fin de l’article, on apprend que Jorge Cedrón a été retrouvé poignardé, dans les toilettes du quais des Orfèvres, à Paris. Il avait été amené là avec son épouse par un commissaire de la police française. L’arme se trouve dans la main droite du cadavre alors que Jorge Cedrón était gaucher. L’enquête conclut à un suicide.

???!????

Puisque c’est comme ça, on va poser la question plus clairement:

« Jorge Cedron orfevres »
Big Brother trouve 41 pages ***

Film ou pas film, sur le net, pas grand monde ne dit où est mort Jorge Cedrón… Pourtant, sur le site de l’association Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture, un document intitulé « Argentine 1976-2007 – Le chemin sinueux de la lutte contre l’impunité » reprend les informations contenues dans l’article de l’Humanité: Jorge Cedrón a été « retrouvé poignardé dans les toilettes du Quai des Orfèvres. Ce crime n’a jamais été élucidé. La police a conclu à un suicide. »

« Les apparences sont trompeuses ; selon les points de vue, les événements diffèrent. »
En effet … et puis chacun fait ce qu’il veut !
Chabrol par exemple, a bien utilisé le procès Elf pour nous pondre un nième film autour du personnage de femme gravement névrosée qui semble lui trotter obstinément dans la tête. Une paire de gant, un tailleur rouge et le voila parti pour nous refaire le coup de son délire obsessionnel, en le plaquant sur le personnage de la juge d’instruction. Un scandale institutionnel et moral réduit à une banale lutte de pouvoir entre des personnages fantasmés par un réalisateur qui choisi de ne retenir que des détails insignifiants (comme ces allusions pôtaches aux noms des protagonistes: Jeanne Charmant pour la juge d’instruction Eva Joly …), bref, juste de quoi profiter des échos médiatiques de l’affaire (est-ce que vous avez lu un seul article au sujet du film, qui ne mentionne pas aussi l’affaire ?) sans rien en dire véritablement, sans rien expliquer, sans rien mettre en lumière. Et ce culot de mettre au générique « Toute ressemblance avec des faits réels et des personnages connus serait, comme on dit, fortuite… »
Sept années d’enquêtes qui ont menées à la mise au jour d’un système pensé au plus haut niveau d’un état – la France – pour déposséder des peuples de la richesse du sous-sol de leur pays, au profit d’une minorité. Des pressions psychologiques et physiques à la hauteur des enjeux financiers et diplomatiques colossaux que cette affaire mettait en balance, et le tout se trouve dissout dans les fantasme d’un réalisateur qui projète des lieux communs sur le personnage de la juge ( « le pouvoir qu’elle incarne la grise »), juste pour le plaisir de lui faire la leçon. « Pour moi, l’idéal était qu’à la fin du film, les deux personnages aient pitié l’un de l’autre. C’est à ce moment-là qu’elle comprend l’inanité de toute l’affaire, tandis que lui l’a compris par la force des choses, en prenant des coups de bâton sur la tête. Elle prend conscience du fait que le pouvoir est à coulisses et qu’il en reste toujours assez au-dessus du personnage le plus puissant qui soit… » [ref]
En effet ! Quel impardonnable péché de vanité d’avoir cru à la capacité de la justice (qu’ elle représentait) de s’attaquer à un tel système de pillage ! Alors qu’on ne peut que s’extasier de l’intelligence de ce pauvre garçon, qu’on plaindrait presque d’avoir pris tous ces mauvais coups de baton! Après tout, il n’avait eut lui, que la bonne idée de piquer dans la caisse de ce système inique. Lui au moins, il a comprise tout de suite l’inanité de toute l’affaire ****

Chacun fait ce qu’il veut… Chacun comprend ce qu’il peut…

« […] un pays ne peut avancer tant qu’il n’a pas regardé son passé en face. Tel est le message, simple et fort, que Lucía Cedrón glisse dans son premier film.  » C’est l’avis de la critique de Télérama qui ne peut s’empêcher d’ajouter sur le ton catégorique de ceux qui savent  « Maladroit quand elle le martèle, avec des séquences inutiles sacrifiant au pathos ». (Une critique de Télérama, quoi …)
Puisqu’il semble si bien informés sur la question, Télérama ***** nous expliquera sans doute bientôt, comment la France est susceptible d’avancer, si à la sortie d’un film comme « Agnus Dei » personne ne dit que Jorge Cedrón, le père de la réalisatrice est mort poignardé dans les bâtiments de la Direction régionale de la police judiciaire de la Préfecture de police de Paris. Parce qu’il semble bien que ce soit un fait. Aussi absurde et insupportable soit-il.

Pour ma part, je ne suis pas sûre que par son film, Lucía Cedrón ait voulu donner de grandes leçons aux pays!… Le scénario et la mise en scène sont bien trop intimistes pour cela. Par contre, ils montrent très explicitement, les choix absurdes et les conséquences dramatiques, auxquels sont confrontés des individus normaux pris dans la violence. Les hommes politiques ne sont pas « tous des abrutis », la plupart sont simplement des individus normaux, comme les personnages du film de Lucía. Lorsqu’ils se retrouvent dans des situations absurdes, ils ne prennent pas nécessairement des décisions idéales. Comme dit l’un des personnages du film « mets toi à [leurs] place 5 mn ». Est-ce qu’il y a un sens même, à parler de « décision idéale », lorsqu’il s’agit de situations aussi absurdes de violence?
Gérer des relations d’Etat  avec une dictature n’est certainement pas une ciné cure, mais est-ce que le minimum n’est pas de reconnaître au moins les faits ? De qui se moque-t-on avec ces dénis de réalité qui soutiennent l’image d’un État français innocent comme l’agneau qui vient de naître?

Lorsque qu’elle évoque elle-même la problématique du film, Lucía Cedrón parle de la question du pardon et de l’oubli. Mais pour pardonner et oublier, est-ce qu’il ne faut pas d’abord savoir ?
Que Lucía ne souhaite pas ou ne souhaite plus savoir est un choix personnel qui lui appartient. Qu’elle souhaite sortir d’une identité forcée de « fille de martyre » est compréhensible, mais j’aimerais être sûre que son embarras à évoquer la part autobiographique du film n’est lié qu’à ses souvenirs douloureux et que son insistance à parler de pardon et d’oubli, sans mentionner la mort de son père n’a rien à voir avec le « soutien » qu’elle a reçu du ministère français des Affaires Étrangères…

Le monde où les agneaux peuvent être méchants et les loups gentils n’est pas un monde à l’envers. C’est le monde dans lequel nous vivons.

initialement publié le 2 juillet 2008 sur http://lavielesgens.over-blog.com/

* Les chiffres indiqués sont ceux observés aux alentours du 10 mai 08.

** Juan Cedrón est un musicien argentin vivant en France depuis plus de 30 ans. Il est co-fondateur en 1964 du trio Cedrón qui deviendra en 1969 le quarteto Cedrón et connait une certaine notoriété en France. Juan Cedrón dirige actuellement un orchestre dédié à la musique de bal (« La tipica » ) reconnu par certains média mais qui ne fait pas l’unanimité dans les milieux tangeros. Jorge était son frère.

*** A la date où ce billet est publié (initialement, en juillet 2008), « Jorge Cedrón orfevres » retourne 185 pages: le film est maintenant référencés sur les sites de cinéphiles et vient ainsi en cooccurrence avec « 36 quai des Orfèvres » d’Olivier Marchal…

A la date de republication (novembre 2016), on trouve une centaine de résultats pour cette requête et les premiers liens retournés concernent la mort de Jorge Cedrón. La première page des résultats explique le contexte: Jorge Cedrón était quai des Orfèvres pour accompagner sa femme, dont le père, Montero Ruiz, ancien maire de Buenos Aires et proche des militaires venait d’être enlevé à Paris. L’article présente les différentes hypothèses qui coexistent concernant la mort de Jorge et se conclut par « Au jour d’aujourd’hui, le seul fait avéré est que Jorge Cedrón est mort à la Préfecture de Police de Paris. »…
Mais il y est dit aussi « La Préfecture de Police de Paris ne semble pas, à première vue, le lieu le plus indiqué ni pour un suicide, ni pour un assassinat politique. Sauf si, s’agissant d’un assassinat, les auteurs du crime avaient délibérément voulu impliquer la France et agiter le fantôme du « scandale » comme garantie de protection. Sauf si, autre hypothèse, ce crime n’avait pas été programmé » … Julia Cedrón est citée au sujet de la mort de son père, dans un article consacré au procès de cinq tortionnaires de la dictature argentine qui a eu lieu en décembre 2009. Elle y déclare « Tout ce que je sais, c’est que ce dossier a toujours été plus ou moins secret, que je n’ai jamais pu lire le rapport d’autopsie et que quand un avocat a pu mettre la main dessus, il était illisible parce que soi-disant le local des archives avait été inondé ».

Il va certainement être difficile de savoir comment un exilé de la dictature argentine a pu être mortellement blessé dans les locaux de la Préfecture de Police de Paris, le 1er juin 1980. Il semble au moins qu’aujourd’hui, le sujet ne soit plus complètement tabou. C’est un début …

**** Pour bien mesurer l’inanité de toute l’affaire:
  • « Notre affaire à tous », Eva Joly, Les Arènes, 2000
  • « La force qui nous manque », Eva Joly, Les Arènes, 2007
  • Interview (vidéo) d’Eva Joly, juin 2007
  • « Elf, la pompe à fric », Nicolas Lambert, Tribord, 2005. Surtout ne pas manquer le spectacle dont la publication n’est qu’une transcription (extraits du DVD)

***** Si Télérama oublie parfois la politique, il faut noter qu’il est (à ma connaissance) le seul média national ayant publié un article en soutien à Denis Robert, alors qu’il vient d’annoncer qu’il renonce à parler publiquement de Clearstream. Télérama n’est donc pas simplement un loup méchant, qui prend de haut les auteurs qui n’ont pas émus ses critiques… pff … c’est pénible, à la fin ! cette complexité de la réalité …

Elf, la pompe Afrique

Citation

Elf, la pompe Afrique (affiche)

Les vraies paroles d’un procès qui nous regarde. Histoire de comprendre.

Pétrole, partis politiques, renseignement. Rien d’austèrement pédagogique, mais un panel de personnages truculents et souvent drôles qui redisent à travers Nicolas Lambert les paroles qu’ils ont prononcées pendant le procès Elf ou lors d’interview.

Une manière plaisante de se plonger dans les coulisses de la République, même si vous risquez d’apprendre des choses qui vont pas vous faire plaisir…

Nicolas Lambert – Elf, la pompe Afrique, au Théâtre « Le Grand Parquet » (Paris), mars 2011

Si vous en avez l’occasion, ne manquez surtout pas le spectacle en live! calendrier